L’entrepreneuriat dans les facultés « non business »

Connexions en sciences humainesEn 2008, la Commission européenne a publié un rapport sur la situation dans les différents pays européens de l’enseignement de l’entrepreneuriat dans des Facultés autres que celles dédiées au business management [i]. Le rapport souligne plusieurs aspects :

  • la nouveauté de la question dans les Facultés des sciences humaines, sciences sociales et des arts ;
  • l’avantage de proposer des choix de cours répondant aux intérêts propres des étudiants plutôt que de définir un programme unique ;
  • le rappel de l’objectif de ces cours en fonction du public particulier : favoriser l’ouverture d’esprit et l’apparition de questions liées à l’entrepreneuriat chez les étudiants ;

  • la préférence des étudiants pour des workshops et des travaux de groupe ;
  • l’intérêt et l’importance de pouvoir disposer d’enseignants ayant un parcours académique et une expérience récente dans les affaires ;
  • les cours d’initiation à l’entrepreneuriat devraient idéalement être développés dans une perspective plus large de soutien à l’entrepreneuriat.

Pour la mise en place des structures d’incitation à l’entrepreneuriat (plateformes de transferts, bureaux de liaison, incubateurs, etc.), les universités doivent également tenir compte :

  • du fait que l’innovation et la création d’entreprise ne sont pas identiques selon que l’individu travaille seul ou fait partie d’un groupe de recherche [ii] et pour cela se doit de définir les types d’enseignements appropriés ;
  • des fondements paradigmatiques des recherches [iii] sur l’entrepreneuriat : le public n’est pas celui des Facultés de sciences économiques et d’écoles de gestion et de management.

Cette liste d’aspects illustrent deux choses : le déploiement de programmes d’incitation à l’entrepreneuriat destinés aux étudiants en sciences humaines ne peut pas fonctionner si l’on applique des recettes déjà toutes faites construites à partir des expériences réussies des écoles techniques ou d’ingénierie. Il est impératif d’avoir un regard neuf sur la question.

C’est également ce que montrent les résultats d’une étude menée durant le deuxième semestre 2014 dans des facultés de sciences humaines d’une université suisse. L’esquisse d’un programme destiné aux étudiants, établi sur la seule base des idées préconçues à propos des attentes que pourraient avoir ledit corps (jeunes chercheurs y compris), est voué à l’échec. Les attentes prévues et celles exprimées en réalité sont différentes.

Il est donc nécessaire de questionner, pour chaque cas, les attentes effectives et les souhaits des personnes concernées, afin de repenser et d’adapter le modèle qui pourrait être développé sur site.

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[i] Commission européenne, Entrepreneurship in Higher Education, Especially in Non-Business Studies.

[ii] BRUYAT and JULIEN, “Defining the Field of Research in Entrepreneurship,” 172.

[iii] BYGRAVE, “Theory Building in the Entrepreneurship Paradigm,” 13.

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